Wednesday, November 23, 2005

La peau de l'ours

Voici un roman qui rompt avec l’académisme ambiant, fusse-t-il de notre milieu. On pourrait le rattacher à un Montherlant, à un Peyrefitte (Roger), voire à un Mishima. C’est un roman indubitablement fasciste ou plutôt même national-socialiste. Pas dans le sens que l’on pense d’ordinaire (il n’est nullement fait allusion aux Juifs durant tout l’ouvrage) mais plutôt dans son optique esthétisante. C’est un livre aussi national-socialiste qu’un morceau de Wagner ou qu’une sculpture de Brecker. Les deux héros, Igor-Michel de l’Hallier (un artiste-peintre très Breckérien) et Francys de Noirssang (une fière aristocrate qui n’aurait rien à envier à Violette Morris sur le plan des prouesses physiques) sont deux dandys du XXe siècles, un jeune homme et une jeune femme qui méprisent les convenances, toutes les convenances, les bonnes comme les mauvaises… Ils rejettent leur contemporains et ont poussé le cynisme jusqu’au bout de son raffinement, l’homo ordinaris n’étant pour eux que sujets d’expériences, fussent-elles scabreuses. Mais la réalité parfois réclame sont dû. Avec les intérêts… En un chapitre ultime, les masques vont tomber, ceux d’Igor et de Francys. La farce va devenir tragédie antique. Ils pensaient être, ils n’étaient que chimères, apparences, vanité. Deux façades qui s’écroulent car il n’y avait rien derrière. L’esthétisme pour l’esthétisme n’est que poudre aux yeux, c’est l’enseignement de ce livre. Quand le dandysme devint nihilisme, il ne faut pas s’étonner d’en devoir payer le prix. Et ce prix, c’est la mort… Pour lire ce roman, il faut être fasciste. Comprendre le sens de l’esthétique pour mieux apprécier le péril dans lequel tombe nos deux héros. A trop vouloir en faire, on se fait refaire. Premier roman de notre ami Mikaël Petit, qui dirige la librairie Histoire & Tradition (16, rue de la Paix – 42000 SAINT-ETIENNE), lui-même esthète en rupture de néo-droitisme. Car au fond, c’est la parabole de ce livre. Les héros sont comme cette « nouvelle-droite » élitiste, païenne et amorale. Elle se croit géniale alors qu’elle n’est qu’intelligente. Elle se croit Prométhée, elle n’est que professeur Frankenstein. Elle croit se libérer d’Adonaï, elle ne fait que s’enchaîner à Satanaël… Elle se croit vivante, elle est morte… Vanitas, vanitatum et omnia vanitas…

Mikaël PETIT – La Peau de l’Ours – Editions Godefroy de Bouillon – 21 €

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