Sunday, March 26, 2006

Mensonges et rumeurs en temps de guerre

Lord Arthur Ponsonby of Shulbrede (1871-1946) était une figure atypique de la Grande-Bretagne de la première moitié du XXe siècle. Ancien page de la Reine Victoria, il embrassa une carrière diplomatique puis politique. Elu député libéral de Sitling (Ecosse) de 1908 à 1918, il fut l’un des principaux animateurs des mouvements pacifistes de l’entre-deux-guerres. Réélu député (travailliste cette fois) de 1922 à 1930, il fut sous-secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères en 1924, sous-secrétaire d’Etat aux Colonies en 1929 et secrétaire du Parlement auprès du Ministère des Transports de 1929 à 1931. De 1931 à 1935, il est le chef de l’opposition travailliste au Parlement. En 1930, il écrivit un livre, Mensonges et rumeurs en temps de guerre , consacré aux bobards de la Première Guerre Mondiale. La plus célèbre est celle des Allemands coupant les mains des bébés belges. Lord Ponsonby arrive à remonter à l’origine du bobard : un article du Times du 27 août 1914. Il y a aussi toute la gamme d’histoire au sujet de la collection de timbres (le bobard a été réutilisé contre les Japonais en 1942… et par les Allemands contre les Russes en 1916) : un prisonnier écrit à sa famille que tout va bien et demande à ce que l’on garde le timbre, très rare. Or, une fois le timbre décollé, on voit écrit sous celui-ci « ils m’ont coupé la langue (ou les pieds, c’est selon)… Or, les lettres des prisonniers n’ont jamais de timbres mais un tampon postal spécial équivalent à l’ancienne « franchise militaire ». Il y eut aussi le bobard lancé par le commissaire de la marine de réserve Hughes Collingwood qui accusa l’équipage d’un sous-marin allemand en détresse sauvé par la marine anglaise de ne pas avoir signalé la présence de quatre prisonniers britanniques dans le bâtiment qu’ils s’apprêtaient à saborder. Autre légende, celle du soldat américain de 17 ans dont les Allemands auraient coupé les oreilles et renvoyé dans les lignes alliés en disant qu’ils voulaient se battre contre de vrais hommes… On retrouve presque mot pour mot la célèbre histoire du portefeuille : une infirmière anglaise sauve un officier allemand à l’article de la mort. Dans un élan de gratitude, il lui dit au moment de partir « Je ne peux pas vous en dire davantage, mais méfiez-vous du métro en avril (1915) ». Il y eut aussi l’affaire de la graisse humaine récupérée sur les cadavres de soldats allemands par les autorités du Reich (deuxième du nom) : apparue pour la première fois dans les colonnes du Times le 16 avril 1917, il faudra attendre 1925 pour qu’il soit démenti. Ce en quoi il a vécu moins longtemps que son homologue de la Seconde Guerre Mondiale qui résistera vaillamment jusqu’au milieu des années quatre-vingts. A la fin de la Première Guerre Mondiale, tous ces bobards furent abandonnés car ils ne servaient plus à rien. Certains furent recyclés pour la seconde et sont devenus « croyance obligatoire ». Il y a une différence fondamentale : ils n’ont jamais cessé d’être nécessaires car ils sont le fondement de l’existence même de l’état d’Israël et l’unique légitimation de la purification ethnique de 1948…
Arthur PONSONBY – Mensonges et rumeurs en temps de guerre – CHC, 45/3, route de Vourles – 69230 SAINT-GENIS-LAVAL.

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