Crimes & Mercies
Le plus grand génocide de la Seconde Guerre Mondiale est aussi le plus méconnu : au moins 9 millions d’Allemands, peut-être même 13 millions, ont été exterminés par les Alliés ! Auteur du mémorable Morts pour raisons diverses, l’historien canadien James Bacque a publié en 1997 dans son pays un nouveau livre, Crimes and mercies (Crimes et miséricordes), qui révèle cet aspect méconnu et pour le moins ignoble de la Seconde Guerre Mondiale. Livre qui n’a pas encore été traduit en français. Bacque est venu à connaître l’existence des camps de la mort alliés par le biais du résistant français Raoul Laporterie. Ayant eu accès aux archives soviétiques, notamment celle de l’ancien NKVD devenu le KGB, il confirme que les Alliés ont fait exactement les mêmes crimes que leur propagande reproche aux nazis. S’il n’y a qu’une chose à retenir de ce livre, c’est le tableau de la page 131 qui détaille le nombres d’Allemands massacrés par les Alliés : la purification ethnique fit entre 2,1 millions et 6 millions de morts ; les prisonniers allemands morts dans les camps de la mort alliés oscillent entre 1,5 million et 2 millions de morts et la famine planifiée par les Alliés fit 5,7 millions de morts. Au total, c’est entre 9,3 et 13,7 millions d’Allemands qui ont été exterminés par les Alliés après la fin de la guerre. Crime de guerre resté non seulement impuni mais ouvertement occulté par le négationnisme officiel. Ce livre confirme que le général Dwight David Isaac (« Ike ») Eisenhower était un bien sinistre personnage, principalement responsable du génocide allemand avec son ami Morgenthau… Ainsi, le 7 août 1944, il a lancé officiellement le « Plan Morgenthau », visant à génocider par la faim le peuple allemand, le jugeant collectivement coupable. Exactement le même raisonnement que les nazis jugeant le peuple juif collectivement coupable des crimes communistes… C’est le même Eisenhower qui a interdit aux Quakers de venir apporter une aide alimentaire aux Allemands qui mouraient de faim en été 1945. C’est toujours Eisenhower qui a laissé délibérément mourir les prisonniers de guerre allemands dans ce qui est devenu de véritables camps de la mort. Ce livre rend cependant hommage à des Justes, essentiellement des Canadiens, qui n’ont pas hésité à venir en aide au peuple allemand victime d’un génocide. L’auteur cite notamment le philanthrope anglais Victor Gollancz qui, en 1946, a été l’un des premiers à dénoncer les crimes de guerre alliés. L’Eglise mennonite a également joué un rôle primordial, sauvant des centaines de milliers de vies humaines, principalement par des dons venus du Canada. On apprend ainsi que dans les zones allemandes sous occupation française en 1947, les rations alimentaires accordées à la population étaient de 450 calories par jour, moitié moins qu’au camp de concentration de Bergen-Belsen ! Est publiée une pièce à conviction sur cette volonté délibérée de génocide sous la forme de la directive du 9 mai 1945 faite à Coblence par le Gouvernement Militaire Américain interdisant sous peine de mort de nourrir les prisonniers allemands. On y apprend notamment que dans le camp américain de Bretzenheim, gardé par la 106e division américaine, on comptait 18.000 morts dans les dix semaines sous contrôle américain, soit plus de morts que le camp nazi de Dachau de 1933 à 1944 ! Complétant son précédent livre, Bacque a trouvé dans les archives soviétiques le nombre de prisonniers allemands exterminés par ces derniers. Selon G.F. Krivosheyev, 450.587 soldats allemands sont morts dans les camps soviétiques, 356.687 dans les centres de détention du NKVD et 93.900 en route, plus 66.481 civils allemands morts en détention suite à leur capture en même temps que les militaires. Ce livre revient également sur les massacres commis par les Soviétiques lors de la conquête de la Prusse orientale, illustré par ce poème de Soljenitsyne cité dans le livre : « 21 Horingstraße, il n’a pas été incendié, juste vidé, pillé. Un gémissement voilé vient des murs. La mère est blessée, encore vivante. La fillette sur le matelas. Morte. Combien sont-ils passés sur elle ? Un peloton ? Une compagnie peut-être ? Une fillette est devenue de force une femme, une femme est devenue un cadavre. Tout est venu de ces simples phrases : n’oubliez pas. Ne pardonnez pas :! Sang pour sang. Dent pour dent. La mère supplie : « Soldats, tuez-moi ! » » Un porte-avions américain porte encore le nom d’Eisenhower. Que les Américains le renomment « USS Patton » ou « USS Mac Arthur »… Le livre comporte également toute une série de photos et d’affiches d’époque : on y voit un enfant allemand en haillon fouiller les poubelles à Hambourg, des bébés allemands en train de mourir de faim dans un hôpital de Berlin en 1947, des images des réfugiés… Comment ne pas penser lorsqu’on voit ces photos à d’autres photos contemporaines, celles des enfants irakiens en train de mourir de faim à cause du blocus américain ? Décidément, les Américains sont très forts pour prêcher la démocratie et les droits de l’homme, beaucoup moins pour l’appliquer…
James BACQUE – Crimes and mercies – Timewarner – 19,99 $ canadiens (14,69 €) - ISBN : 0-7515-2277-5
0 Comments:
Post a Comment
<< Home