Saturday, September 23, 2006

Vae Victis n°69

La livraison de juillet 2006 du bimestriel de jeux de simulation offre le traditionnel jeu en encart simulant les rivalités féodales en France allant de la fin des Carolingiens au début des Capétiens, très précisément du règne de Louis II le Bègue à Louis V le Fainéant. La France est divisée en 18 provinces, chacune menacée par un éventuel envahisseur (Viking, Magyars et Sarrasins). Notons que les Vikings peuvent s’approprier la Flandre et la Normandie, les Arabes la Provence (qui a dit anticipation ?) et la Gothie (le Languedoc), le Saint-Empire germanique pouvant également s’impliquer dans le conflit. L’un des joueurs joue les Carolingiens et l’autre les vassaux avides de prendre le trône.

Le dossier historique évoque la campagne du Tonkin de 1950-1954, qui s’acheva par la défaite de Dien Bien Phu qui aurait pu être une victoire à la Pyrrhus pour les communistes sans la trahison de Mendes-France : l’armée de Giap était saignée à blanc ! Commencée en 1947 avec les opérations Léa et Ceinture qui établissaient des garnisons le long de la Route Coloniale 4 (Lang Son – Cao Bang), elle faillit être couronnée de succès dès le commencement : il s’en fallut de peu que Ho Chi Minh et ses sbires soient capturés à Bac Kan. Mais l’entrée en guerre de la Chine communiste aux côtés de leurs frères idéologiques en 1949 va bouleverser la donne : la France doit évacuer 53 postes dans le Haut-Tonkin et en novembre, elle s’est repliée sur ses points fortifiés de Cao Bang, Dong Khê et That Khê. L’armée ennemie était forte de 5 divisions, sans compter les unités de partisans derrière les lignes françaises (le fameux régiment 42 notamment). En février 1950, à Nghia Do, près de Cao Bang, un bataillon para français repousse une division viet, mais le 15 septembre, alors que Cao Bang était évacuée, les communistes attaquèrent à Dong Khe avec une supériorité écrasante : 6 bataillons contre 2 compagnies. Le 6 octobre, le 1er BEP arrivé pour renforcer le dispositif était anéanti. That Khê tomba le 15, provoquant l’encerclement puis l’anéantissement du 3e BCCP (parachutistes coloniaux). Le 6 décembre 1950, le général De Lattre de Tassigny prit la direction des opérations avec son adjoint Salan, qui connaissait la région. Il décida la constitution d’une armée vietnamienne anticommuniste et de groupes mobiles. Le 17 janvier 1951, à Vinh Yen, les Français battent les 308e et 312e divisions Viet Minh. Le fils unique du général en chef, le lieutenant Bernard de Tassigny, tomba à l’ennemi le 30 mai au sein du bataillon de marche du 1er chasseur. La campagne de 1951 fut un fiasco pour Giap. L’armée vietnamienne anticommuniste étant désormais forte de 36 bataillons, Giap décida d’attaquer le pays Thaï, allié traditionnel de la France et défendu par 4 bataillons d’indigènes plus 2 bataillons de nord-africains. Nouveau fiasco : la 312e division était étrillée par les paras français. Le 10 novembre, les Français lançaient une contre-attaque, l’opération Tulipe, visant à reprendre la capitale du pays Muong, Hoa Binh. Les Français se replièrent le 25 février 1952 mais les 304e et 308e divisions Viet Minh étaient quasiment anéanties. Nouvelle victoire fin avril quand le Régiment 98 fut anéanti par les Français au Canal des Rapides.

Giap lança sa seconde offensive en pays thaï en 1952 suite à un effort intense d’espionnage par le bataillon de renseignement 426. Trois divisions communistes attaquèrent le 6e BPC du commandant Bigeard. Ce dernier resta jusqu’au bout pour sauver le 1er bataillon thaï puis parvint à rompre l’encerclement et à se replier à Son La.. Derrière les lignes ennemies, les maquisards fidèles à l’Empire se révoltent contre l’oppresseur vietnamien mais sont écrasés par la 302e division. Le 23 novembre, Giap attaque massivement à Na San et subit une cuisante défaite. La bataille s’achève le 7 décembre mais les Viets ont désormais une division d’artillerie, la 351. En 1953, les communistes agressent le Laos mais sont repoussés. Le 8 mai 1953 , le général Navarre prend le commandement et propose un plan : liquider les communistes dans le sud du pays puis y mettre les unités vietnamiennes en garnison, permettant de rassembler toutes les troupes françaises pour reconquérir le Tonkin en 1954. En novembre 1953, Dien Bien Phu fut repris par les Français et Giap décida de l’attaquer avec 4 divisions dont celle d’artillerie… La suite a déjà été racontée dans ces colonnes (Le Libre Arverne n°82). Le sacrifice de nos 17 bataillons dans la cuvette avait permis l’anéantissement de l’armée de Giap : 23000 hommes de ses troupes d’élites tués ! De plus, l’opération de pacification du sud, l’opération Aréthuse, fut un succès total. La France avait des réserves mais elle fut trahie. Ceci est une autre histoire. En fait, c’est toujours la même histoire…

A noter un scénario pour figurines simulant un combat imaginaire au Far West dans la petite ville de Living Rock, où le blanchisseur chinois Li, également éleveur de cochons (qui mangent les cadavres encombrants…), est protégé par le shérif véreux aux ordres du bistrotier Surrengen face à un bistrotier rival, James Tallybond. Le numéro comprend un petit jeu en solitaire, Operation Pedestal, simulant l’attaque en août 1942 par les germano-italiens du convoi de la dernière chance pour Malte. Le joueur est l’Axe et doit infliger un maximum de pertes aux Alliés. Notons également un scénario pour Optimus Princeps, le jeu paru dans le n°67, sur les campagnes d’Hadrien contre les Daces en 117-118.

Vae Victis n°69 – 7,50 € - chez tous les marchands de journaux.

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