Friday, November 10, 2006

Vae Victis n°61

Le jeu en encart est consacré à la bataille de l’Ebre, victoire décisive des nationalistes espagnols en 1938. La carte représente la boucle de l’Ebre, entre Paüls et La Palma d’Ebre, avec les villes fluviales de Ribarroja, Flix et Asco. Du côté des nationalistes de l’armée du général Davila, le corps marocain du général Yagüe et les 13e, 50e, 74e, 82e, 84e, 102e et 105e divisions, ainsi que la 4e division de Navarre. Du côté des rouges de l’armée du colonel Modesto, un fanatique communiste, le 5e corps de cavalerie du général Lister (11e, 45e, 46e et 60e divisions) et le 15e corps du général Taguena (3e, 16e, 27e, 35e et 42e divisions). Notons la présence chez les franquistes des Carlistes et des Phalangistes au sein de la 74e division et des « brigades internationales » au sein des 45e et 35e divisions rouges. Le jeu simule les premiers jours du combat, du 25 juillet au 3 août 1938. L’attaque rouge surprend totalement l’avant-garde de la 50e DI nationaliste qui perd 4.000 prisonniers. Yagüe ordonne son repli et demande des renforts. Deux corps d’armée républicains, le XVe et le Ve de l’armée de l’Ebre ont commencé à franchir le fleuve. La 50e DI est anéantie et la 13e DI sévèrement entamée. Le 25 au soir, les Rouges semblent à l’aube d’une victoire totale dans le secteur : le front nationaliste a été coupé entre Caspe et Gandesa. Franco suspend son offensive sur Valence. Maigre consolation pour ce dernier : la XIVe brigade internationale (Français et Belges) est refoulée avec des lourdes pertes. Yagüe comprend que Gandesa est l’objectif réel des Rouges, aussi, il y envoie la Légion et fait venir du Levant la 4e division de Navarre et deux autres d’Estrémadure. La résistance inopinée des rescapés du 50e DI à Flix, la supériorité aérienne des Nationalistes et l’ouverture des barrages de la Segre entravent les mouvements des Républicains puis les empêchent totalement le 26. En quelques jours, Yagüe aligne 4 divisions en renfort. Modesto tente un assaut désespéré sur Gandesa le 1er août. Le 3, l’offensive est un fiasco. La bataille s’enlisera jusqu’à la victoire franquiste de novembre 1938…

Le dossier de Frédéric Bey porte sur la Reconquista, remontant jusqu’à la conquête de l’Espagne par l’Islam et sur les racines de ce dernier. Alors que le christianisme s’était imposé pacifiquement, l’Islam conquiert le bassin méditerranéen par la force : la Palestine et la Mésopotamie sont soumises en 637, la Perse asservie en 642, l’Egypte et la Cyrénaïque en 643, l’Afghanistan atteint en 664. Gibraltar est franchi en 711, Tolède tombe en 712… Poitiers en 732 marquera la fin de la progression musulmane. Quelques petites principautés chrétiennes de la péninsule ibérique, vassales des Francs, ont échappé à la conquête. Elles deviendront la base de l’Espagne. En 859, à Clavijo, Saint Jacques apparaît aux Chrétiens qui écrasent les Arabes de Muza. Nouvelle victoire en 934 à Samancas où la cavalerie asturienne de Ramiro II remporte la première bataille rangée. Ayant sucé toute la sève de l’Espagne chrétienne conquise, l’Espagne musulmane décline rapidement : en 1031, elle explose en 25 états indépendants que les 4 royaumes chrétiens du nord conquièrent progressivement. Madrid est libérée en 1083, Tolède en 1085, Huesca l’est en 1096, Lisbonne en 1147. Un dernier sursaut mahométan survint en 1194 avec Al-Mansour, qui échoue devant Tolède et Madrid en 1197. En 1209, le Pape Innocent IV appelle à la Croisade pour reconquérir l’Espagne. L’armée musulmane de Muhammad I est écrasée à Las Navas de Tolosa en 1215.Ensuite, l’agonie des Mahométans se poursuit en accéléré : Badajoz est libéré en 1229, Cordoue en 1236, Valence en 1238, Murcie en 1243, Séville en 1248. En 1235, les hommes au Croissant sont chassés des Baléares. Ne reste plus que le Royaume de Grenade avec Malaga, vassal de la Castille. La Castille et l’Aragon se déchirent en guerre fraticide, ce qui sauve Grenade, mais l’Espagne s’unit en 1479. Grenade sera libérée en 1492. A noter une réflexion sur le mythe d’Al-Andalus : la société musulmane est très ségrégationniste, 150.000 colons maghrébins sont installés dans le pays, les filles chrétiennes sont razziées ce qui provoque explosion démographique d’un côté et baisse de l’autre. Les Chrétiens sont des citoyens de seconde zone, voués à de nombreuses vexations et à qui les Musulmans n’ont pas le droit d’adresser la parole. Bien entendu, « l’apport arabe » à l’occident s’est limité à 10 % des textes apportés, le reste venant des Byzantins, véritables dépositaires de la science.

Trois scénarii sont proposés. Un scénario pour figurines nous replonge dans la guerre des Boers, décrivant la bataille de la gare de Belmont du 23 novembre 1899 entre l’armée anglaise de Lord Methuen et les komando des généraux boers Prinsloo et Jacobus de la Rey. L’article d’Eric Schmitt accompagnant le scénario est excellent et puisé aux meilleures sources (notamment les travaux du plus grand spécialiste de l’Afrique du Sud en France, le professeur Bernard Lugan), ce qui rétablit l’article sur l’Espagne du numéro précédent. Il est notamment évoqué les camps de concentration ouverts par les Anglais pour y entasser les femmes et les enfants boers et l’armement d’unités de nègres pour piller, violer et terroriser. Guerre de lâches voulue par des hommes qui eurent la particularité d’être tous liés à la communauté juive. Ces horreurs marqueront durablement les mentalités aryennes, notamment en Allemagne. L’idée des camps pour civils naîtra symétriquement en Angleterre et aux Etats-Unis de ce qui deviendra plus tard les planétariens. Leur branche marxiste la systématisera en 1917. Quand en 1942 les Allemands chercheront une solution pour « stocker » et neutraliser la population juive en vue de son expulsion, ils ne feront qu’utiliser les méthodes de Lord Kitchener… On est toujours puni par où l’on pèche. Un autre scénario pour DCK propose une escarmouche pour le contrôle d’un dépôt d’essence en 1985 dans un pays d’Afrique équatoriale non précisé mais ressemblant assez au Zaïre. Le dernier scénario simule la bataille de Savage Station du 29 juin 1862, où une défaite tactique sudiste se transforme en victoire stratégique. Le médiocre dixie Magruder se frotte en nette infériorité au corps d’armée de Sumner, croyant attaquer le 5e corps en déroute. Sauvés par la pluie d’une défaite totale, les sudistes vont triompher car Mc Clellan, le nullissime chef des yankees, va ordonner le repli de ses troupes pourtant victorieuses et laisser 3.500 prisonniers ! A noter un scénario pour ASL simulant la bataille de Lisow, en Pologne. Le 13 janvier 1945, les chars Joseph Staline 2 du 13e régiment de chars de la Garde (4e corps de chars de la Garde) écrasent le 424e bataillon allemand de chars lourds, équipés de 52 chars Tiger et coupés de toute communication avec son état-major, celui du 24e Panzerkorps.

Vae Victis n°61 – mars-avril 2005 – 6,95 € - chez tous les marchands de journaux.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home